Baruh
Sara

De la peinture figurative à l'expressionnisme abstrait, de la ligne droite qui s'exprime dans le rapport entre le signifiant et le signifié à l'abstrait lisible et conceptuel, il s'agit là incontestablement d'un changement de direction délibéré. Ce dernier trouve son expression véritable avec l'emploi expressionniste des couleurs et le recours aux principes minimalistes dans les oeuvres de Sara. Conformément à cette attitude artistique, Sara crée sur la toile des espaces de couleur à l'intérieur desquels prennent souvent place des formes de couleur qui ressemblent aux figures géométriques. L'usage alternativement fluide, chaotique et statique que Sara fait des peintures l'amène à composer des tableaux expressionnistes selon sa propre inspiration ou bien selon l'inclination des éléments constitutifs de la peinture. Par ailleurs, comme nous pouvons l'observer dans ses oeuvres datant de 2006, le minimalisme représente un niveau supérieur auquel atteint un peintre qui accorde la primauté à l'abstrait. Depuis le début de son intérêt pour l'art abstrait, Sara fait des peintures de surface dont la couleur constitue le fondement. Le langage artistique de Sara s'appuie sur le principe qui se résume en termes suivants : se contenter du minimum,  mettre en lumière l'effet puissant des espaces vides sur la toile, de la couleur et de l'expression. Ce langage s'élève a son point culminant dans les derniers travaux de Sara. Les formes disparaissent, la familiarité de l'écriture avec la peinture saute aux yeux. La peinture se tient sur la toile réduite à son niveau minimal.

Elle va bien au-delà d'un objet de contemplation, devient un texte à lire. Une peinture qui ne montre rien et qui suspend entièrement le rapport de représentation, qu'est-ce qu'elle pourrait être sinon la bénédiction de l'écriture? Ainsi faut-il souligner que les tableaux de Sara nous rappellent le jugement "D'abord et avant tout il était l'écriture"  en le traduisant en langage de peinture. Se contenter du minimum, libérer la toile de l'emprise des formes en vue de la livrer dans le vide des couleurs, autrement dit exonérer la peinture de sa charge représentative en vue de bénir l'infini, le texte et de faire l'éloge du concept, voici quelques astuces pour mieux comprendre les dernières oeuvres si l'on veut, les dernières surfaces de couleur de Sara. De tout ceci il paraît en effet possible de dégager la problématique essentielle de l'art abstrait qui gouverne la peinture de Sara depuis le début. A mon avis, ni les formes évoquant le géométrique, ni les collages ornés de l' écritures n'ont un statut privilégié chez Sara. Comme nous l'observons depuis ses premiers tableaux, Sara cherche l'essentiel d'un autre côte; à savoir du côte de l'attachement et du rapport de la peinture à l'écriture qui remonte à la préhistoire et qui comprend même tout ce qu'il vient d'être indiqué.