01.03 – 30.03.2012

"Altitude de l'eau"

Mireille Aubert, Isabelle Battolla, Annick Berclaz, Elisabeth Beurret, Marie Bozenna-Bik, Maurice Castella, Siripoj Chamroendvidhya, Véronique Déthiollaz, Jo Fontaine, Renée Furrer, Annette Genêt, Paul Jenni, Elisabeth Jobin-Sanglard, Christiane Kamoun-Cortvriendt, Elisa Kohler, Marianne Lenoir, William Marbacher, Sylvia Oeggerli, Delia Perrois, Carmen Reyes, Nicolas Rilliet, Hideki Sando, Guy Schibler, Jeanne Schmid, Yolaine White.
Galerie du Lignon, SIG
1219 Le Lignon / Genève

Concept directeur pour l’exposition « Altitude de l’eau »

L'eau, source et véhicule de vie et de mort, substance qui produit et traverse tous les changements, matière à métamorphoses, ouvre à l'infini des possibles.

Le titre de l'exposition "Altitude de l'eau" est une invitation lancée à tous les artistes de VISARTE : explorez et exploitez ce champ ouvert de possibles. Ce titre permet en effet de construire une géographie de l'eauriche de multiples oppositions spatiales: le haut et le bas, l'horizontal et le vertical, la surface et la profondeur. Cette géographie se transforme facilement en mythologie, en psychologie, en métaphysique, même en écologie et, espérons-le, en art. Car les oppositions spatiales en génèrent spontanément d'autres : celles de la violence et du calme, du flux et de l'immobilité, de la houle et de l'huile, de la clarté et du sombre, de la transparence et de l'opacité, de la pureté et du mélange, du filtré et du pollué, du sacré et du prosaïque, de la fécondation et de la destruction... La symbolique de l'eau, d'une étonnante universalité, se nourrit de ces dualités, de la nature ambivalente de l'élément.

Parmi tous ces couples antagonistes, il en est un qui mérite une attention particulière, à cause du rôle éminent qu'il a joué dans le développement de notre culture : c'est celui de la surface et de la profondeur. A l'eau comme surface, eau reflet, eau image, eau apparence, eau illusion, s'opposent les eaux profondes, eaux immuables, substantielles, lieu d'une vérité dissimulée et mystérieuse. Cette structure symbolique fonde toute la métaphysique occidentale comme recherche de l'être derrière les apparences. Elle trouve à se représenter, par exemple, jusque dans la psychanalyse qui cherche à révéler, sous la surface de la conscience, les eaux troubles de l'inconscient.

L'imagination humaine peut s'orienter vers le nouveau, vers la variété, vers l'éphémère. Elle va aussi souvent vers ce qui est constant, originaire, permanent. L'eau peut stimuler ces deux formes d'imagination, donner à rêver et à œuvrer face à ce qui bouge et change, ce qui bouscule l'espace (des nuages, des pluies, des tempêtes, des chutes, des torrents, des geysers, des vagues), ou face à ce qui reste au fond des choses, comme leur principe immuable, l'un des quatre éléments retenus par les Antiques : l'Eau, dans son éternité aristocratique, eau des sources, eau de la mer, eau de la vie.

Les artistes de VISARTE ont fait bonne pêche dans ce vivier (ou dans cette haute mer) de possibles. (Guy Schibler)