In Search Of The Lost Self (À la recherche du soi perdu)

Le titre de l'exposition, À la recherche du soi perdu, évoque une tension au cœur de mon œuvre et de ma vie. Ce qui reste central dans mon travail, ce n'est pas une iconographie figée, mais une sensibilité façonnée par la texture brute de l'adolescence, dont l'intensité demeure dans la psychologie humaine, et l'esthétique de l'affect tout au long de la vie. 

L'art contemporain est également une influence structurante : non seulement de manière directement référentielle, mais aussi en tant que dispositif conceptuel et émotionnel. Le soi, dans cette formulation, devient à la fois symbole et outil - un langage de l'extrême, un contenant pour les influences, souhaitées ou non. Il ne s'agit pas d'une représentation du « soi », mais d'une quête intérieure visant à révéler la personne que nous sommes réellement, une fois le masque tombé.

La peinture, dans cette optique, devient une activité tout aussi chargée : une forme d'auto-inscription exécutée à la limite du simulacre. Les références aux œuvres d'art contemporaines jouent le rôle d'influences psychologiques floues, de formes d'admiration, de résistance pure, implacable et simultanée. Mon admiration n'est pas diminuée par la proximité — au contraire, elle s'approfondit, devenant moins un fantasme et plus une histoire, une présence et des sentiments partagés.

Les paysages, les intérieurs et les environnements agissent comme des métaphores du soi intérieur. Derrière la première lecture, nous comprenons qu'il y a d'autres couches, suggérant un espace de plus en plus profond et une expérience énigmatique.

Pour moi, la peinture commence par une impulsion — quelque chose de ressenti ou d'intuitif avant de devenir visible. Le souvenir d'œuvres admirées, réalisées par d'autres artistes, me vient à l'esprit et, en scintillant, fait naître l'inspiration pour se développer autour d'elles et avec elles. Là, la forme précède l'interprétation : L'envie de les peindre, de les placer dans des contextes inattendus, de détourner leur sens originel ou de jouer avec, vient à l'esprit. Je crée instinctivement un environnement ludique qui dégage poétiquement de l'étrangeté. Ce que l'on croit voir n'est pas ce qui est.

Ce paradoxe — voir à la fois trop et pas assez — résonne dans les peintures. Les compositions de À la recherche du soi perdu nous relient à la fois au connu et à l'inconnu. Ce faisant, nous ressentons une certaine proximité, mais l'étrangeté s'empare de notre esprit.

Ma pratique est fondée sur une négociation persistante avec la présence, l'absence et les conditions de la perception. Alors que certaines de mes peintures sont résolument figuratives, d'autres leur font écho avec une abstraction, une visibilité et une dissolution absolues.

S'il y a une histoire ici, c'est celle de l'absurdité et de la beauté de la vie quotidienne, du qui et du quoi et de toutes les contradictions qui façonnent notre personnalité.

Stéphane Ducret

Genève, juillet 2025